Exposition éphémère à la Brèche 1ere

 

En 2000 «  la Brèche » est un lieu alternatif où des artistes sont regroupés en collectif autogéré dans l'un des bâtiments de l'ancienne caserne de Saint Jean d'Angély.

 

Quand j'arrive des Cévennes en 2000 le « parisien »  se fait vite refouler. Il n'y a pas de place, pas d'atelier, pas de sécurité. Pour toi on est désolé...Tu travailles sur la Prom c'est une excellente idée...

 

J'y présenterai une exposition individuelle importante pour moi en 2001 « de cinq minutes en cinq minutes » et réalise deux expositions éphémères. Je participe également à plusieurs expositions collectives.

 

Je réussis à faire venir un grand nombre de personnes dans ce lieu, ce qui ne sera pas le cas à la Villa Arson.

Les vieilles casernes qui exposent des Artistes souvent Non-Officiels font bien moins peur qu'Arson la Forteresse.

 

A la Brèche je participe plus ou moins régulièrement à un atelier de modèles vivants, animé par Louis Dollé Sculpteur.

 

Chacun utilise le médium et le support qu'il affectionne, je travaille à l'huile sur papier. 

Les poses sont rapides. 

Dans l'huile qui suit: G. Gasiorowski avec trois couleurs revendiquent, lors d'un rituel en tête à tête avec Kiga

Le 27 septembre 2003, je monte une "action exposition éphémère" de la durée de l'atelier, c'est à dire 2 heures 30.

C'est là ma façon de mettre le pied dans la porte, de m'approprier le lieu en tant qu'artiste anonyme

et suivre mon petit bonhomme de chemin.

 

J'expose 22 huiles de 45 X 32 sur papier Arctic Hafreström 130 g finalisées chez moi.

 

Je confectionne une affiche... la plus nulle qui soit que j'installe juste en début d'exposition car à Nice et ailleurs les affiches, 

sont très souvent bien meilleurs que la toile exposée.

 

De cette façon mes huiles sont bien meilleures que l'affiche. Je m'expose. 

J'ai travaillé avec une palette réduite ce qui est indiqué sur mon affiche.

 

Le propos est de sortir autre chose que de beaux nus qui transpirent l'atelier et le conformisme. 

C'est une provocation qui entrainera un silence religieux... aucun commentaire sur cette affiche. 

Elle bloque certaines personnes qui font demi tour en la lisant sans pouvoir aller plus en avant.

 

Dans ce lieu de contestation où catalogué comme tel je trouvais que l'académisme était parfois plus académique que le roi. 

C'est plus facile de regarder la télé et de commenter.

Certains modèles tentaient pourtant d'exprimer autre chose que les poses conventionnelles.

 

Les conflits dans le monde s'intensifiaient et cette caserne n'inspirait pas la grande paix intérieure,

ce que l'artiste anonyme tente de faire passer sur sa toile.

 

C'était de ma part une provocation et un appel pour que d'autres artistes anonymes prennent le risque d'exposer un travail 

plus personnel dans ce lieu qui ne manquait pas de mur, où un vent culturel soufflait vers toutes les chapelles de Nice.

Cet ensemble ne cassaient pas forcement trois pattes à un canard.

 

Les militaires du GIGN jouaient à la guerre, les théâtreux jouaient la comédie, les poètes jouaient avec les mots,

les plasticiens jouaient avec des volumes, les musiciens jouaient avec le son, les peintres jouaient avec les couleurs,

les sculpteurs jouaient fer, papier, bois, pierre, résine, les photographes mitraillaient 

autant dire que tout le monde s'amusait bien.

 

Mais personne n'était vraiment content car les dieux, perchés sur de gros nuages sombres qui stationnaient 

en permanence au dessus de ce territoire bouillonnant de culture, jouaient son sort aux dés.

 

L'un des dieux réussit par une fourberie dont aucun dieu n'avait jamais possédé le secret,

un double zéro et le lieu fut anéanti en trois coups de cuillère de pelleteuses en décembre 2004.

 

Une partie des artistes est allée s'installer au pigeonnier dans le vieux Nice, 

une autre a été enfermée à Spada (qui sera sans doute rasé sur une proposition de re re logement aux abatoirs...) 

D'autres se sont dégotés un atelier et se sont débrouillés. L'art, la culture et même les dieux à Nice ont pris du plomb dans l'aile.

Les militaires, eux n'ont rien trouvé ils sont devenus SDF, et depuis on en voit beaucoup dans les rues.

 

" Les Paysages de Gaétan Bellevue " Hors série 2003 200neuf