Villa Arson

Hommage et bataille avec la foule d' Antony Gormley

Le 11 janvier 2004 c'est la fin de l'exposition Re: Location

Je viens avec la Foule d'Antony Gormley rendre visite aux oeuvres de l'exposition Re:Location qui sera démontée demain. J'ai emprunté à la bibliothèque Louis Nucera un ouvrage avec en double page " Le Champ " " The Field " de 1991.

Trente cinq mille figurines confectionnées par des familles de briquetiers mexicains, en partie cuites au soleil .....C'est pour moi un honneur de faire connaître cette oeuvre, cet artiste, aux personnes que je rencontre à la villa pendant cette action.

C'est également un hommage à l'artiste et à ces familles de briquetiers anonymes.

 

Après avoir inséré le livre ouvert et une affichette sur laquelle est inscrite une phrase de Vitez, je fais une première série de photos devant les grilles de Fabrice Gygi. Elles canalisent les taureaux en Camargues ou aux féria de Nîmes....Elles sont sagement appuyées au mur de la villa...

 

Évidement je suis immédiatement repéré par un gardien-étudiant et j'ai droit au comité d'accueil dès que j'arrive dans le grand hall. Cet étudiant me demande si je suis content de mes photos et patin couffin sur un ton qui au départ n'est pas une invitation à poursuivre les prises de vue. Il revendique le droit à l'image. Je lui parle d'appropriation-restitution sans echo aucun. Je me garde de lui expliquer que les photos comme les barrières sont des leurres qui vont bien au delà de trois bouts de ferraille et de support argentique.

Je reste persuadé que Gygi s'entendrait à merveille avec Martine Walde et Antoine Vitez.

 

Je lui montre " Le Champ " et lui demande s'il connaît Antony Gormley. " Gromley " il prononce Gromley " oui, je connais " et il revient aussitôt sur l'institution, sur " Le Photographe Attitré " de la Villa etc. Il me rappelle ce Gardien-étudiant qui est intervenu par miracle dans mon Action avec " les indigents " en avril 2001.

Il est sympathique et plein d'humour dans cette confrontation mais de quoi me parle t-il dans le fond?

Ce que j'en retiens:

- De l'élite et d'une institution vu par lui même, qui mettraient en place une stratégie pour qu'on ne puisse pas porter atteinte à son " Oeuvre " dans un sens qu'elles ne pourraient contrôler!!!

- D'une stratégie qui empêcherait le " quidam " de s'écarter du discours officiel. Regardez l'oeuvre sous cet angle, avec ces lunettes et sous cet éclairage, ensuite circulez il n'y a rien à voir. L'histoire du regardeur doit rester dans la stricte limite du regard...la créativité est réservé à...mais à qui, dites-moi?

- D'un Grand Photographe Officiel Attaché à la Villa Arson Chargé de Mission qui à lui un Gros Appareil Photo, qui fait de Belles Photos à la Norme...

- De mon obligation si je veux faire un travail sur Fabrice Gygi de tout connaître de son oeuvre.... Je ne suis pas venu faire pas une thèse sur Gigy, je suis ( suivre ) un bout de chemin qui est le mien: Appropriation-restitution entre autre, perfection-imperfection, anonymat-notoriété etc

- De mon statut de peintre du dimanche du XIX siècle catapulté au XXI sans soutien, sans conditionnement institutionnel, sans diplôme, sans réseau, sans caméra qui me colleraientt aux basquettes, avec quelques critiques et des collectionneurs avertis, sans discours relayé par une machine bien huilée accompagné évidement du Grand Photographe Officiel Attaché à la Villa Arson qui a lui un Gros Appareil Photo et qui fait de Belles Photos....

- De mon parfait manque de notoriété.

- De manque à gagner...

Nous sommes dans un dialogue de sourd. Il n'entend pas ce que je dis, pas plus que je n'entends ses affirmations. Ce n'est pas une oeuvre que je viens voir, discuter, critiquer, il s'agit d'Appropriation-Restitution, il s'agit de mon rapport à cette institution, il s'agit d'une position d'artiste. C'est mon rapport à l'art-c'est une Action, c'est une bataille de plus avec ou contre Arson la Citadelle, c'est un hommage à de nombreux Artistes...

Il m'interdit de prendre des photos avec beaucoup d'humour et de sérieux. Avec une certaine impertinence je lui répond " je continue mon chemin ".

Dans la grande salle carré je suis rejoint par une jeune fille qui me rappelle qu'il m'est interdit de photographier...alors

Je place le livre avec ses 35 000 personnages, proche de la Miss et surtout face à la caméra de surveillance qui est derrière elle. Je fais parler l'étudiante que le livre gêne ... elle se doute qu'il se passe quelque chose mais quoi...puis je le tourne vers la seconde caméra.

Ainsi ce n'est pas moi qui photographie la représentation de l'oeuvre de Gormley et ses personnages rencontrant l'oeuvre de Gygi par mon intermédiaire, c'est l'institution avec son système de surveillance. Je prie pour qu'il soit actif et qu'il sauvegarde cette " séquence ** dans leur archives. Je reste un mégalo rêveur.

(* Elle pourrait être insérée ici " )

Puis ballade dans l'oeuvre de Pierre Malfette. Je ne vois pas de caméra. La vague discussion avec Christiane et Catherine Macchi le soir de sa conférence me font revoir mes premiers jugements et je regrette de ne pas m'être fait accompagner par un étudiant lors de ma première visite pour peut être m'éclairer.

 

Face au mur de l'horloge. Une armée de plusieurs centaines d'indigents était restée dehors toute une nuit les bras levés vers une représentation d'horloge, avant d'être taillée en pièce à 14 h 01 le 25 avril 2001. Aujourd'hui une foule de 35 000 personnages est à l'intérieur, que peuvent-ils faire devant ce mur de l'horloge tout ces regards? Si vous apprenez que cette oeuvre est exposée quelques par ne la ratez pas. Vous comprendrez mieux cette action et l'art contemporain de tous les temps.

La fanfare di merda d'artista de Simona Denicolai et Ivo Provoost est à nouveau là. Je me souvient d'avoir été très incisif avec l'étudiante qui m'avait présenté cette oeuvre et qui; comme elle le disait elle même " il y a des moments où je ne comprends plus rien " Cette première visite m'avait beaucoup remuée.

La chance me sourit: Arrive par la porte du sous sol une étudiante avec un aspirateur...Elle va faire le ménage chez Monika Sosnowska

Elle accepte de poser pour moi dans le musée avec le livre ouvert sur le Champ d'A Gormley qu'elle ne connaît pas. Je l'a photographie dans ce coin anonyme où aucune oeuvre de l'exposition n'est visible. Je l'a photographie comme une technicienne de surface anonyme dans n'importe quel lieu anonyme. Cela n'est pas sans me rappeler une histoire d " indigents " et une très belle video avec des cactus....

Coin de Ciel " Hors série 2005 2008

Je finis ma ballade avec tous ces personnages sous le bras. Au moment de partir une étudiante veut récupérer ma pellicule. Ça sent le pâté. Je décide de ne pas lui donner la pellicule leurre préparer au-cas-ou, dans un autre appareil photo qui est aussi dans mon sac. Elle est nerveuse, j'essais de la rassurer. Pendant que je range mes affaires, elle va chercher les clés et ferme ou fait semblant de fermer les portes de sortie...

C'est son tour de jouer avec mes angoisses et je m'éclipse sans demander mon reste.

" Les Paysages de Gaétan Bellevue " hors série 2004 2008