" 81 Crânes et des Poussières "

Quel plaisir, prendre le bus pour me rendre par la moyenne corniche de Nice à Monaco. Arriver dans un lieux magnifique et chaque jour me confronter à une double aventure celle mise en place par mes protocoles et celle provoquée par le crâne que je rencontre et tout ce qu'il induit.

Je suis dans l' ignorance totale de la réalité qu'il a traversée. Parfois je m'accroche à une information si mince soit-elle, souvent c'est la peinture elle-même qui commande le jeu et c'est une lutte pour y arriver. Arriver où? c'est un mystère. J'y mélange ma culture enfin le peu que je possède et qui se présente et s'impose dans le travail. Je fais de mon mieux au niveau technique.

Un crâne induit une mort violente, un autre une vie paisible, celui-ci l'autorité et la domination, là la souffrance et la maladie, là la beauté, la laideur, la grandeur tout y passe. J'ai choisi de ne pas peindre de reproductions assez fidèles en plâtre ou en résine que l'on rencontre dans certains musées. Je comprends pourquoi et je comprends toute la différence qu'il y a entre un crâne original et sa reproduction. Certains crânes ont quelque chose de terrifiant, d'autres de rassurant, tous ont été vivants.

Les variations de formes sont incroyables, la couleur, la texture et la densité des os, les courbures, les volumes me racontent mille choses. Avec la collection des crânes de Calama je vois des filiations, des ressemblances, par les formes de crânes, d'arcades, de saillies, de dentition. Est-ce mon imagination?

Tous les membres de l'équipe du Musée teintent mon approche de leur savoir, de leur spécialité, de leur personnalité. Le temps qui passe prend plus de poids. Alors que je peins les derniers crânes je pense souvent à Roman Opalka et à son travail sur la disparition.